Frédérik Kondratowicz – Restaurant de l'Hôtel de Ville
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du 20 avril au 16 juin 2024

Pierre Zufferey

Exposition

Depuis quelques années, l’art de Pierre Zufferey milite pour une approche de plus en plus narrative et figurative de sa peinture, tout en lui conservant une facture résolument abstraite.

Ainsi Rives & Rivages est une série de tableaux abstraits qui contiennent les prolégomènes probants d’un monde possible, réel ou familier, par la grâce desquels il est permis au visiteur de reconnaître, les pleins et les vides, la couleur et le signe, le haut et le bas, l’assise tellurique où poser ses pieds, le ciel où plonger le regard, et la mer où se perdre.

Pas une seule fois, faut-il le répéter, Pierre Zufferey n’a cherché à imiter formellement la nature. Par la magie concluante de l’abstraction et par sa force de persuasion, c’est au contraire ici la nature qui imite l’art.

La Camargue, ce pays de l’odeur de l’eau, où de fragiles passerelles de sable se risquent entre les marais, les étangs et la mer,
Pierre Zufferey l’a mise à nu, comme au premier jour de la création, quand la terre et la mer se démêlent encore incomplètement,
quand le haut et le bas, le sol et le ciel peinent encore à trouver leurs marques, que l’Homme enfin tarde à y affirmer sa présence.
Ce sont en effet des surfaces où la couleur cherche encore à se fixer, et que de frêles armatures en sous-main s’efforcent d’ordonner.
Ces sont des zones où la toile laissée en jachère attend son heure, où le premier soleil darde un rayon frisquet à travers les limbes grises.
Pierre Zufferey peint un paysage en gestation, qui s’agrège et s’enfante sur la toile. Nous l’avons dit à maintes reprises,
il est le peintre des naissances et des commencements, qui depuis toujours, semble-t-il, noue un pacte d’amour avec la mer d’où tout procède et dont la labilité intrinsèque favorise toutes les genèses.
Il ne pouvait dès lors qu’aimer la Camargue, métaphore par excellence de l’entrelacs du liquide et du solide, de la terre et de l’eau, du sel et de l’eau douce.
Christophe Flubacher

 

textes : Frédérik Kondratowicz  – photos : Julien Auzan – siteweb : Michael Caillet